Les périphériques vous parlent N° 12
été 1999
p. 22-25

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sortie de cadre

Du désespoir visuel à l'espoir par l'image

Le paradoxe veut que le pouvoir de l'image tienne à des images sans devenir. Les poubelles télévisuelles regorgent de clichés qui façonnent notre perception du monde. Mais l'espoir est ailleurs, dans l'image ; le visuel a fait son temps.

À l'heure où j'écris, Dead Man est le dernier film de Jim Jarmusch. Au début du film : un train en marche, des terres parcourues, des allées et venues de passagers silencieux dans un wagon. Pas de dialogues, mais des regards, des paysages qui changent au fur et à mesure que le train avance. Mais ce train traverse plus qu'un paysage : un pays et une histoire. Le temps de la traversée devient un temps historique qui parcourt le passé et le présent. L'espace s'étire dans le temps. C'est pourquoi parler de décor serait impropre. L'espace, le temps, l'espace/temps est vivant et nous pose question, nous rappelant les facettes multiples d'un pays, l'Amérique, ses conquêtes, ses idéaux, ses massacres, ses mirages. Ses contradictions.

Tout est dit, montré sans être dit ou montré. C'est sans doute ce qui fait la force du cinéma, cette possibilité d'être image par les hors-champ, les ellipses, le montage, invisible du visible, visible de l'invisible. Un film qui montre quelque chose sans que les mots qui se disent soient des mots qui doivent l'expliciter, sans que la composition d'une image ne se pose comme corrélât de ce qui doit figurer, sans des dialogues qui disent ce qui se voit, des décors qui en rajoutent sur ce qui se fait, ou des histoires qui se répètent à elles-mêmes l'histoire qu'elles sont censées raconter.

Dead Man fait partie de ces films, rares, qui nous rappellent ce que peut être l'image, qui nous arrachent à la paresse d'assister spectateurs au bon déroulement de quelconques histoires banales, cuisinées à la même sauce, faciles à voir, à avaler comme une boisson sans goût. Parce qu'un film qui illustre, déclame, anecdoctise est une imposture. Il tue ce qui peut être la force propre de l'image, du cinéma. Inutile de dire qu'ils prolifèrent. À ce propos, on serait tenté d'affirmer, en paraphrasant ce que Deleuze disait à propos de la mort de la philosophie, qu'il n'y a pas de mort de l'image, mais que des assassinats. Des assassinats au service du profit, de la rentabilité. On assassine l'image en lui enlevant le hors-champ, en l'enfermant dans un cadre clos qui doit tout dire, tout vendre, sans aspérité, sans étrangeté, sans mystère. Moins il lui manque, plus de gens peuvent s'y reconnaître. Pas d'effort, pas de questionnement, pas d'étonnement. Les moindres recoins d'image portent en eux des traces de sang, de sang infecté, désormais purulent. Ce n'est pas beau à voir.

Il reste à se demander ce que nous pouvons faire ou devenir, traquer les assassins, se résigner, supplier, contre-attaquer ? Mais envers et contre qui d'abord ? L'alternative ne tient pas debout. Il faut avant tout voir ce qui entrave, ce qui empêche l'image d'être image, le hors-champ de sortir du champ, l'ellipse de s'éclipser, l'être humain de devenir. Devenir, devenir... on espère tous devenir. Devenir quoi ? Qui ?

Devenir autre chose que ces images qui nous serrent dans leur fixation narrative, qui s'inscrustent dans notre vision pour se substituer à notre imagination. Il faut prendre le train en marche, pour voir, il faut à proprement parler créer du temps, créer son temps, dead or alive. C'est pourquoi, l'imagination se déchaîne à tout bout de champ, les mots sont transfigurés, altérés, les yeux ne tiennent plus en place, ils espèrent voir des choses qu'ils n'ont jamais vu. Des pensées s'entremêlent, des éclairs, des parcours.

Ce serait l'histoire d'un ou d'une adolescente qui n'ayant pas de télé en vacances, ferait n'importe quoi pourvu de ne pas rater une série dont dépend son existence. Elle se promènerait à la recherche de voisins confrères, pour l'occasion, gens anonymes devant le poste télé. Elle ne pourrait résister. On dit dans ces circonstances que c'est plus fort que soi, que sa raison. Elle, elle aurait parfaitement le contrôle d'elle-même. C'est la télé qui est plus forte qu'elle. Une seule chose lui échapperait : la honte. Elle aurait honte vis-à-vis de ses parents. Son attitude va trop loin, pas par rapport à elle, loin par rapport à l'idée que ses parents se font d'elle, ce qui pour elle est pire. Elle est partagée entre ce qu'elle veut et ce qu'une fille comme elle, de son âge, est censée vouloir, disons destinée à vouloir. Ainsi elle n'oserait rien leur dire. Elle s'imaginerait leur réponse. « Mais enfin, ce n'est pas la fin du monde », lui diraient-ils, et elle ne pourrait s'empêcher de penser combien chacun renvoie la fin du monde à soi. Elle ne saurait trouver les mots pour leur expliquer que quand bien même ce n'est pas la fin du monde, C'est bien la fin du monde à elle dont il s'agit, un trou épouvantable, incommensurable dans la constitution du monde qu'elle vit à travers sa série préférée. Et cela, pense-t-elle, c'est bien plus grave pour son existence. Comment pourrait-elle vivre dans un monde avec un monde à elle qui se défait, qui part en miettes, qui se désintègre ? Il était bien là le problème, le paradoxe qu'elle aurait vite fait de qualifier d'existentiel. Et puis comment leur expliquer qu'elle éprouve des émotions, des sensations qu'elle n'éprouverait jamais autrement. Que tout ailleurs est monotone.

C'est pourquoi le décor, le décor autour d'elle s'absorberait. Elle se promènerait à la recherche d'une petite lueur pour échapper à une petite mort provisoire. Elle chercherait où regarder. Trouver par où regarder, à tout prix, c'est le prix pour se conserver. Quitte à regarder en cachette, dans des jardins, à travers des vitres sales, avec des angles absurdes, dans des recoins sordides, un écran dans un quelconque salon, dans une quelconque maison, chez des gens quelconques qui regarderaient la même émission, au même moment, le temps d'un soir où l'on aimerait que le temps s'arrête. Il faut trouver ses semblables. Frénésie télévisuelle. Tout le monde est pareil, mais chacun essaie de se dire qu'il est unique. Et c'est bien cela qu'il faut éviter avidement, de voir que l'on se ressemble à cet instant, pour garder quelque part l'illusion de ne pas être comme tout le monde.

De mon côté, il y a, à cet instant même, une envie, frénétique elle aussi, d'arrêter le flux télévisuel, de triturer les émissions, de torturer les présentateurs, de crever cruellement, sadiquement, un abcès. En ce moment même, je ne peux l'ignorer. La télévision ne fait que nous abrutir, on le répète, encore et toujours depuis des années, désormais, cela a fait verser pas mal d'encre déjà. Ceux qui essaient de la parodier en arrivent à se parodier eux-mêmes. On peut toujours aller plus loin, plus loin dans le temps, dans l'excès.

La télé, comme les médias du reste, fabrique un monde qui n'est pas celui que nous vivons. On nous annonce le chanteur le plus connu, l'acteur le plus doué, la dernière mode venue, la vie la plus vécue, le ceci et cela. « Mince alors, je n'étais pas au courant, où vis-je ? » Cela nous fait peur de vivre ce monde que l'on nous décrit et que nous ne vivons pas encore. Cela nous fait peur de devenir comme cela, désincarné, vidé, titubant, joisement con. Alors on chancelle, on hésite à adopter cette vie que l'on nous propose, on se tâte, tout le monde a l'air de vivre ainsi, comme cela, tout le monde a l'air au courant. Mais que perdons-nous ? Que nous reste-t-il ? Tout le monde se ressemble, a les mêmes désirs, à la même heure. Alors, plutôt que de vivre cette conformité, nous aimerions tant être dans un univers chaotique, déracinant, nous aimerions tant défier le cours routinier de la vie, que quelque chose survienne qui n'a pas l'air de cela. Trouver un sens à sa vie.

Mais vraiment, il est terrible le monde du petit écran, plus personne ne semble rien dire et quelqu'un comme Serge Daney n'est plus là pour nous avertir. Il ne reste rien à voir, ou bien il y a tout à voir, tout et n'importe quoi. Mais c'est bien pour cela que la représentation du monde se répète, pour ceux qui la vivent, soulignons-le encore, tandis que les autres, les non-voyants de ce monde, résistent à la tentation, disons plutôt à la condamnation de se voir aspirés, la condamnation étant plus tentante que la tentation n'est condamnable.

Mais quel monde vivons-nous ? Si le monde est ce que nous percevons du réel, que percevons-nous ? Nous donnons-nous les moyens de créer le contexte de ce que nous allons percevoir, de ce qui deviendra le réel de la vie ?

Immobile, l'héroïne de cet article contemplerait quelques bribes visuelles dans un lieu complètement absurde, dans un jardin, collée à une vitre ou sur le rebord d'une fenêtre, enfin tout ce que vous voulez. À ce moment-là, elle serait un prototype. Elle est un prototype. À ce titre nous procédons, à partir de maintenant, à son autopsie et à l'étude de son anatomie.

La satisfaction rachète la torsion et la douleur du corps. Tout son être se concentre vers la projection télévisuelle de ses désirs. Elle entretient avec le petit écran des relations narratives, anecdotiques, illustratives. Le piège est bien cela : attendre la fin de l'histoire, à travers un moment suspendu, un soi-même suspendu. Et elle en jouit, à sa façon. Scotchée, elle assiste à un spectacle qui défile, qui agace ses nerfs sans les stimuler. Un cliché, une photo prise d'une vie qui s'écoule. Elle est objet de désir. Elle ne crée pas le contexte du désir. Elle est victime de sa propre dépendance. C'est l'histoire qui se donne à regarder, ce n'est pas l'histoire de celui qui regarde.

Faut-il trouver une fin à cela, à cette suspension ? Non. Faut-il lui trouver une alternative ? Non. Que voient ces yeux ? Qu'est-ce qui touche ses yeux ? Ses nerfs ? Que vit son corps ? On parle du pouvoir de l'image, mais où est-il et tout d'abord, de quel pouvoir s'agit-il ? La chair, le corps, c'est bien notre corps qui est visé, nos réflexes, notre système nerveux, notre positionnement dans l'espace, matériel, matériellement palpable.

Notre héroïne provisoire, empruntée à l'occasion à une quelconque imagination pour signifier un état corporel, physique, se laisse prendre par un monde qu'elle ne vit pas, soucieuse de trouver ses marques dans le fil des récits qu'on lui propose, la suite logique de la narration, le corrélât récitatif. Il y a bien quelqu'un qui propose, voire qui impose ce monde quelle croit sien. Mais où vit-elle ? Que se passe-t-il dans sa vie ? Quel est le visage du monde ? Elle vit une narration préfabriquée, sans désir propre. Ce n'est pas tant qu'on ne lui propose pas autre chose, c'est elle qui ne sait pas voir autre chose, qui ne sait pas comment faire, pourquoi donc faire. Son imagination lui fait défaut, parce que personne ne lui a appris à créer elle-même des situations. Ce qui fermente, derrière tout cela, comme une puanteur inimaginable, c'est une banalité dégoûtante, une routine nauséabonde, une vie qui sent la mort avant l'heure. Une mort de tout. Ni dieu sur terre, ni paradis, ni enfer, ni joie, ni jouissance, ni perversion. Une vie qui sent l'usure, l'écoulement anodin, sans prise ni emprise sur quoi que ce soit. Et c'est cela qui fait le plus peur, non pas le néant du vide qui pose le pourquoi de la vie, mais ce vide du vide qui donne à la vie un goût de déjà vu, de déjà vécu. Le pire dans toute cette histoire est que derrière cette prétendue et toujours opérante farce médiatique, fermente une insipide comédie : le plus petit signifiant de la vie, le réduit, le lieu commun, un dialogue plat. À l'instar de ces dialogues plats qui, à la télé comme au cinéma, n'ont pas de souffle, de rugosité, d'imprévu. Tout est possible par le bas et ça continue, toujours plus bas. Jusqu'à ce que l'on ne lutte plus, que l'on perde le désir du désir. Interrogeons-nous.

La télévision en arrive à être un monde où rien n'a plus d'importance, où tout est mis sur le même plan. À combien de situations peut-on encore actuellement rapporter cet exemple donné par Serge Daney : « On peut bien crier de peur lorsque l'alien sanguinolent perce la cage thoracique du pauvre John Hurt, mais ce cri sera quand même plus faible que le boucan de la plage publicitaire qui suit immédiatement, profitant de notre terreur pour déferler (Chanel, Braun, Tefal, Oasis, Mir Laine et tant d'autres). La pub fait irruption dans le corps du film exactement comme l'alien fait sa « sortie » hors du corps de l'homme. À la peur succède trop vite la honte. C'est ainsi que l'un des films les plus malaisants de ces dix dernières années devient, sur petit écran, rien de plus qu'un objet curieux et difficile à appréhender. » Ce qui est pervers en réalité c'est que la télévision ne se présente certainement pas comme un événement pour le spectateur, elle est plutôt la continuation par d'autres moyens de sa vie, de ce qu'on veut lui faire croire être sa vie. Il y a un flux incessant. Il n'y a pas de silence, pas de noir.

Les hors-champ s'étouffent, s'essoufflent de plus en plus. Le cinéma est définitivement contaminé, la télévision lui a refilé le virus. On fait des films comme l'on fait des téléfilms, on invente des histoires comme l'on fabrique des plateaux intimistes de télé, rentabilité oblige. Mais ce qui est plus terrible encore c'est que, sur petit écran, les corps sont cruellement rapetissés. Il y comme la vision du petit, qui ne peut que rendre petit celui à qui il s'adresse par sa propre petitesse. Ce n'est peut-être pas un hasard si la petitesse physique du petit écran émane d'une petitesse morale du même ordre. Le train de Dead Man sur petit écran, qu'est-ce que ça donne ? Une sorte de jouet en miniature, de maquette playmobile. Cela ne nous stimule certainement pas de la même façon. C'est notre perception qui en est atteinte : atrophie de la vision. Au cinéma les individus sont plus grands que grandeur nature. C'est cette dilatation qui importe : contraction, dilatation, relâchement, espace/temps. Des univers multiples se dessinent qui peuvent à tout moment faire basculer les événements et nous y sommes pour quelque chose.

Ceux qui répriment le désir, le font parce que le leur est suffisamment faible qu'il se laisse réprimer; et celui qui réprime, la raison, usurpe sa place et gouverne la non-volonté. Et étant réprimé, par étape, il devient passif jusqu'à ne plus devenir que l'ombre du désir. (William Blake)

Mais dans un monde où le visuel l'emporte sur l'image, quelle est l'image que nous allons avoir de nous-mêmes, de l'autre, du devenir ? Ce visuel qui - comme le disait si justement Daney - sans contre-champ, en boucle, se gonfle de sa propre plénitude, pornographiquement, comme l'organe qui vérifie son propre fonctionnement, dans le plein la vue, plein les yeux. Oui, dans le « je t'en mets plein », « je te bourre à fond ». Oui, la télévision décharge son organe en nous en mettant plein la vue de ce joug médiatique qui ne raconte d'autre vérité que la sienne, celle de sa fabrication et de son maintien. La jouissance, dès lors, n'est que celle du fonctionnement de son organe. Le visuel est clos, en boucle, il ne lui manque rien. Daney avait raison de parler du visuel en terme de pornographie, de vérification du fonctionnement de l'organe. Il y a vraisemblablement, au plus profond, dans le pire visuel un mécanisme qui tient de cela, du bon fonctionnement d'un monde qui se voit en train de suggérer un monde censé être le monde. Une suggestion d'un monde que l'on vivrait, d'un monde qui serait le nôtre, qui est vraisemblablement le nôtre. Pas d'autres possibles, pas d'autres réalités. C'est le monde en soi et pour soi, reproductible, tel quel, tel qu'il se présente à nous. Et c'est de sa propre vérification qu'il jouit. À l'instar de ce que Lacan disait à propos de la jouissance phallique comme « l'obstacle par quoi l'homme n'arrive pas à jouir du corps de la femme, précisément parce que ce dont il jouit, c'est de la jouissance de l'organe. »

Jouir du corps de l'autre, jouir de son propre organe. Nous sommes en plein dans la question du visuel et de l'image. Par-delà le désir, le corps s'éprouve, se teste, se mesure. Quel est donc cet acte qui n'est pas le signe de l'amour, puisqu'il n'est que le signe de sa propre affirmation et vérification ? Par amour, justement parlons-en, nous n'entendrons certainement pas l'idée abominable de faire l'Un, que Lacan décrit, de manière lapidaire, avec des paroles en couteaux encore une fois, comme la médiocrité d'une vie amoureuse qui ne sait pas vivre la relation des deux, mais agonise dans l'imposture de la recherche de l'Un. Un, devenir qu'Un, faire l'Un, oublier le deux, le trois, oublier le hors-champ.

Le visuel télé est une image fixante, il me colle à la peau comme des bisous bruyants, gluants, accentués à l'extrême, volonté d'affection gluante qui se dévore elle-même, collante, bruit qui surenchérit dans le geste, calque de vulgarité, recherche de bien-être voyant, hystérique. Il ne faut pas que l'autre devienne alors notre moyen de vérifier notre existence, le chercher pour retrouver notre confiance.

Et c'est bien cela que laisse derrière soi le visuel, plutôt en dehors de soi : le hors-champ. Oui, parce que le plein en réalité correspond bien à cet Un très plein, qui cherche en permanence à se remplir, à bourrer, à s'enfler. En rajouter pour devenir Un, pour être dans le plein, alors que le hors-champ se dessine là où l'image cherche à se libérer de son propre poids pour se donner en mouvement. Là où elle est moins, elle est le manque, le manque à chercher. L'autre et pas le toujours soi. Cette image qui nous permettrait d'être plus ou moins que nous-mêmes, de nous questionner, fragmentés, inachevés. Dans l'image, au contraire du visuel, il y a envie de transmettre. Il n'y a pas la honte d'avoir vu. Il n'y a pas de regret de s'être laissé prendre. Il y a le désir de partager. Pourquoi préférer le semblable à l'altérité, le prévisible à l'imprévu, le repérable à l'inconnu ?


Federica Bertelli


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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 23 avril 03 par TMTM
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